LA BIERE FAIT GONFLER LE VENTRE. LA FIN D’UN MYTHE ?
Les clichés type « abdos Kronenbourg » ou « bide à bière » sont mis à mal par des études récentes qui révèlent que cette boisson n’est pas la cause du développement de la bedaine chez ses consommateurs.
Un lien avec les « bons vivants »
Fini les clichés. Alors qu'il est courant de justifier un ventre bien rebondi par une grande consommation de bière – d'où l'expression « abdos Kronenbourg » ou « bide à bière » - une récente étude suédoise publiée dans l'European Journal of Clinical Nutrition [1] révèle que cette boisson n’est pas responsable de l'apparition d'une bedaine. Explications.
Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs de l'université de Göteborg se sont rendus en Allemagne, un pays notamment réputé pour sa grande variété de bières. Équipés d'un mètre et d'un pèse-personne, les scientifiques ont ensuite étudié le lien de cause à effet entre la consommation de bière et le tour de taille. Quelque 20.000 sujets volontaires (7.876 hommes et 12.749 femmes) se sont ainsi prêtés à cette expérience. Après avoir pris les mesures de leur taille et de leur tour de hanches, les chercheurs ont pesé les volontaires et leur ont posé une série de questions portant sur leur consommation de bière. A l'issue de ce questionnaire, les participants ont été séparés en différents groupes et ce, en fonction de la catégorie de buveur à laquelle ils appartiennent (abstinent, modéré, gros buveurs de bières, … ). Forts de cette expérience, les scientifiques se sont ensuite aperçus que la bière rendait, certes, certains sujets bedonnants mais qu'il était toutefois injuste de l'en rendre responsable à chaque fois. « La consommation de bière semble plutôt associée à une augmentation des graisses sur l'ensemble du corps », ont souligné les auteurs de l'étude. Par ailleurs, la panse volumineuse de certaines personnes pourrait résulter de leur attrait pour la bonne nourriture. C’est tout l’art d’être un « bon vivant » qui serait fatal à leur ligne. Leur appétit pour la bière et pour la nourriture pourrait donc entraîner une confusion dans l'interprétation. Une bonne nouvelle avec l'été qui approche et les barbecues en prévision, non ?
La bière a du cœur
Mieux, certaines études montrent que la bière cache quelques vertus insoupçonnées. Elle serait même bonne pour le cœur ! A condition bien sûr de ne pas faire d’excès.Une étude [2] menée chez des Grenobloises de 18 à 40 ans montre qu'une bière le midi et le soir a tendance à réduire le « mauvais cholestérol ». Ce serait l’éthanol contenu dans la bière qui diminuerait le « mauvais cholestérol » et favoriserait la production du « bon cholestérol », minorant ainsi les risques d'infarctus du myocarde et de maladies cardiovasculaires. Néanmoins cet effet reste à confirmer : l'étude n'a porté que sur 24 femmes et seulement durant 6 semaines.Ensuite d’autres études montrent que la bière pourrait protéger contre les maladies cardiovasculaires. En effet, la bière contient de nombreuses vitamines du groupe B. Or celles-ci permettent de faire baisser le taux d'homocystéine, une substance que l'on trouve dans le sang et qui est un marqueur d'inflammations à l'origine de problèmes coronariens, d'accidents vasculaires cérébraux, de thromboses, etc. Des travaux [3] menés sur une partie des volontaires de l'étude SUVIMAX ont d'ailleurs montré que les hommes qui consommaient de la bière avaient un taux légèrement plus bas d'homocystéine. Il faut être toutefois prudent avec de tels résultats. Les vitamines du groupe B se trouvent aussi surtout dans les légumes verts. Il est donc préférable de consommer cinq fruits et légumes par jour plutôt que cinq demis.
Un facteur de prévention ?
Autre domaine dans lequel la bière pourrait jouer un rôle : la prévention du diabète. Selon des travaux américains [4], la consommation modérée régulière de vin ou de bière protègerait du diabète de type 2 (celui qui survient après 45 ans, dit « gras ») ! En revanche, la consommation d'alcools forts favoriserait son apparition.Une autre étude européenne [5] semble montrer une réduction du risque de cancer du colon, liée à la consommation de bière. Selon les chercheurs, cet effet pourrait s'expliquer par la teneur en antioxydants de cette boisson. En effet le malt et le houblon possèdent des flavonoïdes comme la xanthohumol et l’isothohumol, connu pour leurs vertus anti-tumorales. Toutefois, ces résultats obtenus chez les rats n’ont pas encore été extrapolé à l'homme alors il est difficile de connaître les véritables bénéfices de la bière.La consommation de bière pourrait également retardait l’apparition d’ostéoporose (déminéralisation osseuse fréquente chez la femme dès la cinquantaine). La bière est en effet riche en silicium. Cette substance permet le développement des tissus osseux. Elle contient également des phytoestrogènes (hormones végétales) qui pourraient avoir les mêmes effets.
Bénéfique pour le sommeil
La bière aurait des vertus apaisantes grâce au houblon qu’elle contient. On reconnait au houblon des vertus sédatives parce qu'il contient de la lupuline. Cette substance aurait des propriétés calmantes, antidépressives et anti nervosité. Au Moyen-âge, on l’utilisait même pour améliorer l’humeur.On dit aussi souvent que la bière est diurétique, et à raison ! Les résines de houblon présentes dans la boisson pourraient stimuler le fonctionnement des reins, facilitant l'élimination de l'excédent d'eau, des toxines et des déchets retenus dans le corps. Mais la bière (comme tout alcool) diminue par ailleurs la production d'ADH (hormone anti-diurétique ou vasopressine), hormone empêchant l'élimination de l'eau. Enfin, elle contient beaucoup d'eau, ce qui décuple son effet diurétique.Avec modération
De nombreuses études tendent ainsi à montrer que la consommation modérée de bière permettrait de diminuer les risques de nombreuses maladies, essentiellement cardiovasculaires. Mais, bien sûr, la prise excessive d'alcool a des méfaits bien connus. Outre les risques liés à l'ivresse, une forte consommation régulière est nocive à l'organisme. Alors ne buvez pas plus de deux demis (50cl) par jour en moyenne pour les femmes et de trois (75cl) pour les hommes. Au-delà de cette limite, vous prenez des risques pour votre santé. Et si vous ne buvez pas du tout, inutile de vous mettre à en boire pour rechercher un effet protecteur !Sources : France Soir, Doctissimo, Santé planet[1] Sierksma A. and Kok F.J. (avril 2012) Beer and health : from myths to science. In : European Journal of Clinical Nutrition. doi:10.1038/ejcn.2012.30[2] Communication du Dr Catherine Alamowitch, Service d’Endocrinologie Diabétologie Nutrition du Pr Marre, CHU Bichat-Claude Bernard, Paris et auteure d’une revue de la littérature Bière & Poids, Centre d’Information Scientifique sur la Bière - Entretiens de Bichat, Paris, le 16 septembre 2003.[3] Louise I Mennen, Geneviève Potier de Courcy, Jean-Claude Guilland, Véronique Ducros, Marjorie Zarebska, Sandrine Bertrais, Alain Favier, Serge Hercberg, and Pilar Galan (août 2003) Relation between homocysteine concentrations and the consumption of different types of alcoholic beverages: the French Supplementation with Antioxidant Vitamins and Minerals Study. In : The American Journal of Clinical Nutrition ; Vol. 78, I. 2, p 334-338.[4] S. Goya Wannamethee, Carlos A. Camargo, JoAnn E. Manson, Walter C. Willett and Eric B. Rimm (juin 2003) Alcohol Drinking Patterns and Risk of Type 2 Diabetes Mellitus Among Younger Women. In : Archives of Internal Medicine ; Vol. 163, I. 11, p. 1329-1336.[5] Hajime Nozawa, Aruto Yoshida, Osamu Tajima, Mikio Katayama, Hiromi Sonobe, Keiji Wakabayashi, Keiji Kondo (janvier 2004) Intake of beer inhibits azoxymethane-induced colonic carcinogenesis in male Fischer 344 rats. In : International Journal of Cancer ; Vol. 108, I. 3, p. 404-411.Article suivant :MANGER DES CAROTTES REND AIMABLE. INFO OU INTOX ?