Réchauffement climatique : une catastrophe maintenant inévitable

La terre pressée comme une orangeCrise de l'euro + Fukushima : avez-vous remarqué comme on n'a jamais aussi peu parlé du climat dans les médias ? Il y a trois ans, lors du sommet de Copenhague, nous baignions dans le béni-oui-ouisme. Aujourd'hui, à trois semaines du sommet sur le climat de Durban, nous voilà tombés dans le déni de réalité.

D'après le célèbre magazine "Nature" il est trop tard pour limiter le réchauffement à 2°C

Une étude publiée par Nature vient pourtant de confirmer les craintes de nombreux de spécialistes et observateurs : à moins d'une révolution, contenir le réchauffement de l'atmosphère en deçà de 2°C est déjà devenu impossible.

L'auteur principal de cette étude, le Dr Joeri Rogeli, de l'université ETH de Zurich, écrit :

"En l'absence d'un engagement ferme à mettre en place des mécanismes capables d'enclencher rapidement un déclin très prononcé des émissions mondiales, il existe des risques significatifs que la cible des 2°C, que tant de nations ont acceptée, soit déjà en train de nous échapper."

La prise en compte de cette "dette carbone" (autrement dit l'impact réel sur le climat de notre mode de consommation) montre qu'en France, par exemple, les émissions n'ont pas baissé de 10 % depuis 1990, comme il est dit officiellement. Elles se sont au contraire accrues de 25 %, d'après l'étude fournie par la société de conseil de Jean-Marc Jancovici et Alain Grandjean.

Alors que va bientôt s'ouvrir le sommet sur le climat de Durban, en Afrique du Sud, l'euphorie est à son comble. Les représentants de toutes les nations de la planète piaffent, pressés de se tomber dans les bras pour sauver la planète. Prudent, leur hôte, le président sud-africain Jacob Zuma, note toutefois :

"Nous allons à Durban sans illusion : ce ne sera pas une promenade de santé. Au contraire, nous savons parfaitement que dans certains domaines, les intérêts nationaux feront du consensus un challenge."

Sic transit gloria mundi. Ok, je suis pas drôle. A défaut d'être simple, la réalité est triviale.

Les pays émergents veulent que les pays riches s'acquittent de leur "dette carbone". Ces derniers prétendent qu'une telle dette est une vue de l'esprit, au moment même où ils supplient la Chine de bien vouloir financer leur dette financière, "la vraie" (sans laquelle les uns perdraient leur pouvoir d'achat et les autres leurs marchés, et tout notre petit monde deviendrait sans doute incapable de farcir toujours plus l'atmosphère de CO2).

Au milieu, alliés de circonstance pour la énième fois, le parti républicain américain (sponsorisé par Exxon et consort) et l'Arabie Saoudite jettent sur le feu leur huile obscurante.

Chez nous, le climatoscepticisme est un peu has been : à moins d'être lecteur du Point, on ne se fade plus la trombine de claude allègre. L'heure est désormais au climatofoutisme, ou, si jamais vous préférez, à l'après-moi-l'délugisme.

2010 est encore une année de record absolu de température, selon la Nasa ? Bof, c'est quand même cool de pouvoir se balader en tee-shirt en novembre. La mousson qui dévaste Bangkok est une conséquence du réchauffement ? Bin faut pas aller en vacances là-bas avant la saison sèche. La banquise devrait disparaître totalement pendant l'été d'ici 20 ans ? Cocorico, grâce à ça, Total exploite déjà le pétrole russe du pôle Nord !

En 2002, je tournais dans le nord de l'Alaska le premier documentaire français montrant des conséquences concrètes du réchauffement climatique. Neuf ans plus tard, Shishmaref, un petit village inuit installé depuis des siècles sur une étroite île de sable, face à l'océan Arctique, continue d'être englouti par la montée des eaux. La banquise se forme de plus en plus tard, et devient fragile : les habitants perdent des semaines de chasse, et les noyades ne sont plus rares. Beaucoup choisissent de déserter l'île. Alcool, chômage, désespoir : ils partent se perdre dans les banlieues des villes du sud du plus vaste des Etats américains. En Alaska (où la trop probable Sarah Palin vit le jour), le principal employeur est l'industrie du pétrole, lui-même responsable, etc.

Le destin funeste de Shishmaref préfigure-t-il celui qui nous attend, et qui attend nos enfants ? Pour ma part, je n'en ai jamais été aussi convaincu.

Songeant à me conduire en bon ancêtre, cherchant à éviter la guerre et le déshonneur, j'ai songé à titrer cet article ainsi : "Climat : le syndrome de Munich." Et puis je me suis dit qu'une polémique ne manquerait pas de détourner l'attention de l'essentiel. N'empêche, je crois cet amalgame approprié, certainement à plus d'un titre.

A Shishmaref, Tony Weyiouanna, un inuit courageux, humble et sans colère, nous avait dit : "Nous sommes tous à blâmer. Moi, vous, et tous ceux qui utilisent des produits qui affectent l'atmosphère, qui changent... qui font changer le monde."

A défaut d'être facile, la solution est simple, allons.



D’après la source : le monde, journal du 06 Novembre 2011
Cette étude avance que pour conserver une chance "significative" (supérieure à 66 %) de maintenir la hausse des températures en-dessous de 2°C, les émissions mondiales doivent commencer à diminuer avant 2020.

C'est peu dire qu'on en est loin.

Les émissions mondiales de CO2 ont augmenté de 45 % depuis 1990.

La crise de 2008 a provoqué un petit ralentissement, mais désormais c'est reparti, et à un rythme catastrophique. Les émissions de CO2 ont connu en 2010 leur plus forte croissance jamais enregistrée : + 6 %, d'après Washington. Une telle tendance annuelle, si elle persiste, nous place au-delà du pire des scénarios du Giec, celui d'une hausse des températures moyennes d'au moins 5°C d'ici à 2100, constate le site du Washington Post.

C'est l'Union européenne (UE) qui s'en tirerait le mieux : les émissions générées à l'intérieur du territoire de l'Europe ralentissent depuis 2005 ― même si, comme ailleurs, elles sont reparties à la hausse depuis 2009.

Faute de politiques ambitieuses initiées ailleurs, ce résultat obtenu par l'Europe ne change à peu près rien à l'addition finale (ce qui, d'ailleurs, pousse Bruxelles à demander s'il ne vaudrait pas tout aussi bien tout laisser choir).

Mais surtout, ce succès solitaire de l'UE, qui pourrait lui permettre de remplir ses objectifs fixés par le protocole de Kyoto, est un trompe-l'œil. Il repose en effet sur la prise en compte des seules émissions générées en Europe. Or, si l'on intègre les émissions dues à la production et au transport des produits importés de Chine et d'ailleurs, les émissions des citoyens-consommateurs de l'Union semblent au contraire avoir explosé !Depuis combien de temps n'avez-vous pas acheté un bidule made in Europe ? Peut-on se contenter de blâmer les Chinois qui fabriquent nos bidules dans de tristes conditions écologiques et sociales, très souvent avec des capitaux investis par des groupes industriels et des banques bien de chez nous, qui délocalisent tant qu'ils peuvent depuis un quart de siècle, cimentant au passage les conditions du chômage de masse ici ?

Un exemple récent du réchauffement : "Des moussons encore plus fortes à l'avenir"

Gilles Bellon est chercheur au Centre national de recherches météorologiques CNRS-Météo-France.

Les pluies diluviennes qui se sont abattues sur la Thaïlande sont-elles dues au réchauffement climatique?Cette année, les pluies de mousson sont exceptionnelles : sur les six derniers mois, les niveaux de précipitation dépassent de 50 % à 80 % la normale. Nous assistons à un événement tout à fait extrême. On ne peut toutefois pas assurer avec certitude que les pluies sont liées uniquement au réchauffement climatique. Les autres explications sont l’influence du phénomène climatique La Nina, déjà évoqué lors des inondations survenues en Australie en janvier, et tout simplement les variations naturelles du climat.En quoi le réchauffement de la température à la surface des océans accentue-t-il le phénomène de mousson ?La Nina dessine une sorte de fer à cheval sur l’Océan, notamment au niveau de la zone de la Thaïlande. Un fer à cheval qui différencie deux zones, de part et d’autre du Pacifique : à l’Ouest, où les températures sont encore plus élevées et à l’Est, où elles le sont moins. Du coup, les précipitations se concentrent au-dessus de cette zone plus chaude.Pourquoi ?

Un air chaud se charge plus facilement en humidité qu’un air frais. Nous en revenons à la problématique du réchauffement climatique. Dans cette zone, les projections de réchauffement se basent sur une augmentation moyenne des températures de 1 °C. Cela peut paraître faible mais en réalité, cela suffira à accroître le niveau des précipitations à l’avenir dans la région. Concernant les moussons, nous disposons de projections d’ici à la fin du siècle, réparties sur trois zones géographiques : l’Afrique de l’Ouest, où les précipitations devraient être moins abondantes ; l’Inde, où les moussons devraient être plus fortes mais toutes les expertises ne s’accordent pas sur la question ; la zone allant de la Chine à la Thaïlande, où là aussi, nous allons vers des moussons encore plus importantes. Mais là, à la différence de l’Inde, les différents modèles de projection sont unanimes.


Source : Le Journal du Dimanche

Auteur de l'article : Alexandre Duyck

CO2 : l'exemple du cadeau le plus prisé en 2011, l' iphone

La Chine est devenue le premier émetteur mondial de CO2. Certes, mais c’est en partie « grâce » à tous les produits fabriqués là-bas et consommés chez nous. Un exemple, l’iPhone, pour comprendre ce qu’est notre « dette carbone ».

Le nec plus ultra du cadeau de Noël ? C’est l’iPhone de Apple, pardi. Vous pensiez vous le faire offrir ? Pensez-y à deux fois. D’abord, en raison de ses émissions de gaz à effet de serre. Apple avance le chiffre de 55 kg d’équivalent CO2 émis tout au long de la vie d’un appareil.

source : www.terraeco.net, édition abonnée.

Envolée des émissions mondiales de CO2 depuis Kyoto

Les émissions mondiales de CO2 ont augmenté de 45 % entre 1990 et 2010, atteignant le record absolu de 33 milliards de tonnes, selon un récent rapport publié par le Centre commun de recherche (JRC) de l'UE.

L'utilisation accrue des énergies renouvelables, le nucléaire et une meilleure efficacité énergétique n'ont pas suffi à répondre à l'augmentation de la demande mondiale en électricité et en transport, en particulier dans les pays en développement.


La récession et l'effondrement de l'ancien bloc soviétique ont aidé les pays industrialisés à réduire leurs émissions globales de gaz à effet de serre ces vingt dernières années, et ils devraient par conséquent parvenir à atteindre leur objectif commun du protocole de Kyoto, qui correspond à une réduction de 5,2 % des émissions d'ici 2012.


La croissance économique constante de pays tels que la Chine et l'Inde, conjuguée à la reprise économique en Europe et en Amérique du Nord, a contribué à une augmentation record de 5,8 % des émissions mondiales de CO2 entre 2009 et 2010.


Ces chiffres rappellent l'importance des négociations informelles visant à tenter de trouver un accord qui succèdera au protocole de Kyoto lors du sommet du changement climatique, qui aura lieu à Durban en novembre et décembre prochains.


Dans l'UE du moins, les émissions de CO2 sont inférieures, en valeur absolue, à leur niveau d'avant la crise économique de 2008, soit 4 milliards de tonnes en 2010 contre 4,2 milliards de tonnes en 2007. Toutefois, les émissions de la plupart des grandes économies ont augmenté de manière significative au cours de cette même période.


A l'heure actuelle, les Etats-Unis émettent 16,9 tonnes de CO2 par habitant et par an, soit plus du double de l'UE, qui en émet 8,1 tonnes. En comparaison, les émissions de CO2 par habitant et par an de la Chine s'élèvent à 6,8 tonnes, soit toujours moins que la moyenne de l'UE, mais désormais autant que l'Italie.


Ces chiffres ont été publiés aujourd'hui dans un rapport intitulé « Long-term trend in global CO2 emissions » (en français : « Tendance à long terme des émissions mondiales de CO2 »), rédigé par le CCR et le PLB, l'agence d'évaluation environnementale des Pays-Bas.


Les données qui y figurent s'appuient sur les récents résultats de la base de données des émissions pour la recherche atmosphérique mondiale (EDGAR), et les dernières statistiques relatives à l'utilisation de l'énergie.


Source : www.euractiv.com