PENURIE DE MEDECINS : ALLÔ LE VETERINAIRE ?!

Pénurie de médecinsCe n’est un secret pour personne, la France connaît une pénurie de médecins généralistes et plus particulièrement dans ses campagnes. Un sujet épineux et qui amène certains députés à faire des propositions surprenantes. C’est le cas de Françoise Tenenbaum, une élue du PS, qui propose que les vétérinaires n’exercent plus uniquement leurs fonctions sur des animaux mais aussi sur des humains, pour pallier la pénurie de médecins. Une idée surprenante qui crée le buzz médiatique cette semaine.

Une idée qui fait mouche !

Françoise Tenenbaum, adjointe au maire de Dijon à la santé, propose de faire appel aux vétérinaires dans les "déserts médicaux" pour faire face à la pénurie de praticiens, une proposition prise avec "humour" par les médecins et jugée "irréaliste" par les vétérinaires. "J'ai réfléchi à la problématique dans laquelle nous sommes, notamment en Bourgogne, où il y a des déserts médicaux, et je me suis rendu compte qu'il y avait des vrais médecins dans les territoires, ce sont les vétérinaires, qui peuvent intervenir en urgence", a déclaré l'élue socialiste. "Je pense qu'il y a un champ de travail, mais il faudrait définir une passerelle de formation - une année de formation supplémentaire pour les futurs vétérinaires - et cadrer la mission de ces vétérinaires. Surtout, ce ne serait pas à la place du médecin mais en l'attendant", a précisé Françoise Tenenbaum. Elle justifie également son idée par le fait qu’ils soignent régulièrement des mammifères et qu’ils ont effectué, comme leurs collègues généralistes, sept années d’études. "C'est une idée personnelle qui n'engage personne d'autre que moi", a conclu Françoise Tenenbaum.

"C'est totalement irréaliste et dangereux !"

"C'est totalement irréaliste et dangereux ! On n'est pas du tout compétents pour faire une médecine humaine", a jugé Gérard Vignault, président du conseil régional de l'ordre des vétérinaires de Bourgogne. "Ce serait un recul des soins apportés aux gens. On reviendrait au XIXe siècle, alors que l'on est dans une politique de médecine de pointe : le médecin généraliste est devenu un aiguilleur vers les spécialistes", a-t-il analysé. Jean-Pierre Mouraux, président du conseil de l'ordre des médecins de la Côte-d'Or, préfère prendre la chose "avec humour". "C'est un pavé dans la mare et ça fait bouger les canards. On en retiendra les bonnes intentions", a-t-il poursuivi. Pour Monique Cavalier, directrice de l'Agence régionale de santé de Bourgogne, "aujourd'hui, ce n'est absolument pas pensable". "La réglementation est claire, elle fait en sorte que nous ayons des médecins dans les zones rurales. Cela n'a été évoqué ni de près ni de loin dans le plan régional de santé", a-t-elle souligné. A la fin novembre, le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, a annoncé que le nombre d'étudiants admis en médecine en France, fixé par un numerus clausus, serait à nouveau augmenté pour compenser les déserts médicaux.Source : Le Monde