CANCER DE LA PEAU : LES CABINES UV POINTEES DU DOIGT

Cancer de la peau en augmentation - cabines UV à bronzage mises en cause Le Syndicat National de Dermatologues-Vénéréologues (SNDV) dénonce l'augmentation des cancers de la peau, notamment chez les femmes de moins de 40 ans. Une étude américaine publiée lundi met directement en cause les cabines UV de bronzage.

Augmentation « dramatique » chez les moins de 40 ans

Le nombre de cancer de la peau connaît un accroissement alarmant chez les moins de 40 ans aux États-Unis depuis les dernières décennies, selon une étude* publiée lundi qui attribue ce phénomène en partie à l'usage des salons de bronzage.Sur l'ensemble d'une vie, le risque naturel de développer un mélanome est plus grand chez les hommes que chez les femmes mais c'est l'inverse chez les jeunes adultes et adolescents, précisent les auteurs de ces travaux dirigés par Dr Jerry Brewer, un dermatologue de la clinique américaine Mayo. Mais en analysant les statistiques des patients âgés de 18 à 39 ans, diagnostiqués pour la première fois d'un mélanome entre 1970 et 2009, les chercheurs ont constaté que durant cette période l'incidence de ce cancer a été multipliée par huit chez les jeunes femmes et par quatre chez les hommes.Ces chercheurs se sont appuyés sur une étude d'un groupe de population d'un comté du Minnesota (nord) suivi par la Mayo Clinic depuis plusieurs décennies. L'étude est parue dans l'édition d'avril de la revue « Mayo Clinic Proceedings ». "Nous nous attendions à une nette augmentation comme les autres études faites précédemment l'ont montré mais nous avons trouvé des incidences encore plus élevées que, dans par exemple les statistiques de l'Institut national américain du cancer (NCI) surtout chez les sujets dans la vingtaine et la trentaine", soulignent les auteurs de l'étude.* Reed K.B., Brewer J.D., Lohse C.M., Bringe K.E., Pruitt C.N., Gibson L.E. (avril 2012) « Increasing Incidence of Melanoma Among Young Adults : An Epidemiological Study in Olmsted County, Minnesota. » In : Mayo Clinci Proceedings ; Vol. 87, I. 4, p. 328-334.

Les jeunes femmes victimes des cabines de bronzage ?

Selon les auteurs, cette explosion des cancers de la peau chez les jeunes adultes s'expliquerait par un usage accru des salons de bronzage surtout chez les femmes. "Une étude récente révèle que les personnes recourant fréquemment à la lampe à bronzer ont 74% plus de risque de développer un mélanome et nous savons que les jeunes femmes y ont davantage recours que les hommes jeunes", précise le Dr Brewer.Il y aurait environ 15 500 cabines de bronzage en France : plus de 15 % des français en aurait déjà fréquenté une. "La plupart des cabines de bronzage émettent principalement des UVA qui sont réputés comme les rayons qui font bronzer. Effectivement ils provoquent moins de coups de soleil que les UVB. Mais contrairement aux publicités qui les présentent comme inoffensifs, ils provoquent des dégâts en profondeur dans la peau. Ainsi les UVA sont impliqués dans la survenue du mélanome malin, mais aussi comme les UVB, dans le vieillissement cutané et dans des dommages au système immunitaire de la peau" explique le SNDV (Syndicat National de Dermatologues-Vénéréologues).Et malgré une information abondante sur les dangers de ces salons de bronzage, les jeunes femmes continuent d'y aller régulièrement. "Les résultats de cette recherche souligne l'importance de campagnes pour réduire les facteurs de risque du cancer de la peau et particulièrement de continuer à alerter les jeunes des effets cancérigènes des lampes à bronzer", insiste le Dr Brewer.Ces chercheurs ont aussi constaté une amélioration du taux de mortalité résultant d'un mélanome au cours des années qui s'explique probablement par une détection plus précoce et des soins médicaux plus prompts. "Les gens sont aujourd'hui plus conscients de leur peau et de la nécessité de consulter un dermatologue quand ils voient des changements", relève le Dr Brewer. "Ainsi de nombreux cas de nouveaux cancers de la peau peuvent-être détectés avant qu'ils ne se propagent ce qui est plus difficile à traiter", ajoute-t-il.Source : AFP, vedura.fr

Les recommandations à apporter

Le Dr Nicolas Meyer, dermatologue à l’institut Claudius Regaud et au CHU de Toulouse donne quelques recommandations à France Soir.

« Une des premières recommandations, c'est déjà d'envisager le bronzage différemment, c'est à dire qu'il y a le besoin d'un changement des mentalités dans nos sociétés modernes vis-à-vis du bronzage. Le premier message qui est important à comprendre c'est que la peau devient bronzée parce qu'elle a été exposée aux UV, lorsque que le bronzage survient, une partie des dégâts est apparue et ils ne sont pas réparables. En tout cas, pas tous! Il faut donc comprendre que bronzer n'est pas une catastrophe, certes, mais que c'est le marqueur du fait que la peau a reçu une agression et qu'elle tente de se défendre. Malheureusement, nous ne sommes pas capables à l'heure actuelle de savoir quels gens sont capables de se défendre efficacement et les autres. Donc, il faut se protéger du soleil, et ne pas rechercher le bronzage, et il faut modifier son comportement, ne pas rester enfermé chez soi mais vivre à l'extérieur avec des mesures de protection qui sont presque du bon sens et qui sont tellement du bon sens que ce que l'on constate c'est que la plupart des gens qui ont des enfants, par exemple, vont mettre en œuvre toutes ces mesures de protection pour leurs enfants mais pas pour eux-mêmes. Le but est avant tout d'arriver à un minimum de modération. Ce que l'on peut constater maintenant, ce furent des comportements d'exposition irrefrénés dans la fin des années 1970, 1980 et le début des années 1990. Il semble, malgré tous ces propos alarmistes que les comportements changent, mais la grosse problématique c'est qu'avec les cancers de la peau, on paye la facture 20 à 30 ans après que le risque ait été réel. »« Quant au dépistage, chacun doit faire le point avec son médecin : « regardez votre peau et au moindre doute demandez l'avis d'un médecin ». On a augmenté notre capacité de dépistage et notre capacité à dépister précocement donc à avoir un bon pronostic. Il faut faire en sorte que les gens abordent le sujet avec leur médecin, et encore mieux avec leurs dermatologues. Par cette discussion ils prennent conscience qu'ils prennent plus ou moins de risque et donc ils peuvent changer leur comportement. »L'Institut national du cancer explique, par ailleurs, que le principal problème est de savoir faire la différence entre un grain de beauté et un mélanome. Pour cela, il faut : repérer le grain de beauté différent des autres : tous les grains de beauté d’une même personne se ressemblent. Celui qui n’est pas comme les autres doit donc attirer l’attention (principe du vilain petit canard) ; être vigilant à tout changement : une nouvelle tache brune qui apparaît sur votre peau (cas le plus fréquent) ou un grain de beauté qui change d’aspect rapidement (dans sa forme, sa taille, sa couleur ou son épaisseur) doivent alerter.Source : Damien Helene (France Soir)