LE HARD-DISCOUNT : DES CONSOMMATEURS PLUS GROS

Hard-discount : caddie , supermarchés, surconsommation, obésité, surpoids, éducationLes consommateurs qui fréquentent les « hard-discount » seraient plus gros que le reste de la population. C’est le constat annoncé par des chercheurs de l’Inserm (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale) dans une étude très sérieuse, et publiée ce mois-ci (04/2012) dans la revue PlosOne*.

Surpoids, le lieu des courses en dit long

"Aux Etats-Unis, il existe de nombreuses études sur les relations entre l'environnement alimentaire et les comportements alimentaires, mais en France nous manquons de données probantes", explique Basil Chaix (UMR-S 707 Inserm - UPMC), responsable du projet de recherche. "Or, la distribution inégalitaire du surpoids risque de peser défavorablement sur la santé de certaines populations. De ce fait, il est important d’identifier les facteurs liés aux caractéristiques individuelles, du quartier de résidence, mais également des supermarchés fréquentés, qui contribuent à ces disparités", précise-t-il.Ainsi le lieu dans lequel ont fait ses courses ne serait pas si anodin qu’il y paraît. L’étude parue dans PlosOne montre une association entre la fréquentation de certains hypermarchés et un excès de poids des clients. Globalement, « les personnes fréquentant un même magasin ont un profil métabolique proche » affirme l’étude de l’Inserm. Plus précisément, certaines enseignes sont associées à un indice de masse corporelle (IMC) et un périmètre abdominal (tour de ventre) plus importants. Les chercheurs pointent du doigt certains hypermarchés mais surtout les magasins hard discount, notamment chez les personnes à faible niveau d’instruction. Pour en arriver à cette conclusion, les chercheurs ont interrogé 7131 personnes habitant dans 10 quartiers parisiens, et 111 villes de banlieue. Toutes leurs habitudes d'achats ont été passées au crible : enseignes, type, taille, distance, etc. Ont été tenu en compte les caractéristiques socio-économiques des personnes interrogées (comme le niveau d’instruction, niveau de revenus, quartier de résidence, prix de l’immobilier). Ces données ont ensuite été croisées avec leur indice de masse corporelle, ainsi que leur indice de masse graisseuse. "Dans ce travail, nous avons tenu compte de nombreuses variables afin de chercher à isoler les liens entre profil métabolique et lieu d’achats", explique Basile Chaix.

Les hard-discount montrés du doigt

Attention, plus les consommateurs font leurs courses dans des magasins de hard-discount, plus ils risquent de prendre du poids. Un surpoids important car faire ses courses chez Lidl®, Cora®, ou ED® peut vous faire gagner 2,2 cm de tour de taille ! C’est la différence moyenne entre un client de hard-discount et celui qui a ses habitudes chez d’autres hypermarchés. En tête, Lidl® et Cora® avec respectivement, +3,6 cm et + 3,5 cm de tour de taille de plus que les clients d'un magasin de proximité type Monoprix®, supermarché utilisé comme référence.Comment expliquer cette différence de taille ? Une hypothèse avancée par les chercheurs : l'affichage des hard-discount qui "ne représente pas la même qualité en repères nutritionnels" que les supermarchés classiques. Les clients seraient davantage tentés par des produits riches en édulcorants et en graisses saturées, vendus le plus souvent en "promotion" ou en grand format. Pour la nutritionniste Béatrice de Reynal, "on peut acheter sain et équilibré en hard discount. Mais quand on est obèse, on a besoin de manger beaucoup. Une personne en surpoids dépense deux à trois fois plus par semaine qu'un client de Monoprix® par exemple". Sans compter que cette enseigne de proximité haut de gamme n'est pas à la portée de toutes les bourses. Et exclut donc toute une clientèle peu fortunée.

Magasins bio, bons élèves ?

Quant aux usagers des enseignes "bio", c'est tout l'inverse : les clients sont sensiblement plus minces. Ils affichent jusqu’à 6,1 cm de tour de taille en moins que la moyenne. Plusieurs enquêtes ont déjà établi les mêmes conclusions. Par exemple, l’émission « Pièces à conviction », diffusée sur France 3, il y a deux ans (28/06/2010) a testé sur trois journalistes cobayes les effets néfastes, à court terme, d’une mauvaise alimentation sur la santé. Ils ont acceptés de se soumettre pendant 15 jours à un régime alimentaire particulier. Au menu, produits bas de gamme provenant d’enseignes discounts pour le premier. Alternance de produits industriels et petits plats maisons pour le deuxième. Enfin, alimentation 100% Bio pour le troisième. Parallèlement, afin d’évaluer les modifications liées à ce changement de régime alimentaire, un laboratoire indépendant a analysé les urines des cobayes journalistes. Si celui qui a mangé bio a perdu 2 kg, le journaliste qui s’alimentait à base de produits discounts a pris lui 2 kg en 13 jours. Ses urines présentaient trois fois plus de gras que ces deux autres confrères, ainsi qu’un taux 4 fois plus élevé d’acide hippurique (un acide lié à l’absorption du conservateur E210 que l’on retrouve dans les plats tout préparés, les pâtes à tartiner et les sodas).

Ainsi ces expériences éclairent d’un jour nouveau le rôle de l’alimentation sur la santé et relancent le débat sur l’obésité des personnes en situation de précarité économique.

Affichage de moindre qualité

Basile Chaix émet quelques nuances aux conclusions de l’enquête. Il admet que des problèmes de surpoids plus fréquents sont constatés chez les clients habituels de hard discount, mais il se refuse à toute conclusion hâtive. "On peut se demander si certaines enseignes constituent un environnement alimentaire défavorable ou si les associations observées sont liées à un défaut d'ajustement de notre modèle qui ne tient pas compte des préférences alimentaires. Il faut donc aller plus loin dans les investigations". Rappelons que l’obésité est un phénomène multifactoriel, il s’agit plus d’un problème alimentaire global que de qualité des aliments. On confond souvent la qualité de l’alimentation et la qualité des produits, si vous mangez des chips et du cassoulet, vous grossirez, qu’elle qu’en soit la marque ! Il est possible de bien se nourrir à bas coût, à condition évidemment de choisir des aliments sains.Ainsi sans établir un lien de cause à effet entre les enseignes de supermarché et le profil nutritionnel de leurs clients, « cette étude montre que les supermarchés constituent un lieu potentiellement pertinent pour développer des interventions (Ndlr : comme des actions de prévention et des messages nutritionnels et de santé) et permet d’identifier ceux dans lesquels de telles interventions sont plus particulièrement utiles pour s’attaquer à l’épidémie d’obésité et à sa distribution inégalitaire », conclut Basile Chaix.* L’étude des chercheurs de l’Inserm (accessible en anglais) Chaix et coll. (avril 2012) "Associations of Supermarket Characteristics with Weight Status and Body Fat: A Multilevel Analysis of Individuals within Supermarkets (RECORD Study)", PlosOne, 7(4): e32908. doi:10.1371/journal.pone.0032908.Sources : allodocteurs.fr ; science.gouv.fr ; inserm.fr> Calculer votre IMC


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