SANTE : JOURNEE DE L’AUTISME (02/04)

Ensemble pour l'autisme - grande cause nationale 2012« Être autiste, c'est vivre dans un monde dont on n'a pas les clés ». Aujourd’hui (02/04) se tient la journée mondiale de sensibilisation à l'autisme. A cette occasion, plusieurs associations françaises se mobilisent pour mieux faire connaître cette maladie et les difficultés que rencontrent ceux qui en souffrent. Esprit Santé fait retour sur ce trouble du développement méconnu, et sur la polémique qui oppose les psychanalystes aux associations de parents.

L’occasion d’informer le grand public

En France, selon le dernier rapport de la Haute autorité de santé, ce sont entre 92 000 et 107 500 jeunes de moins de 20 ans qui sont atteints d'un trouble envahissant du développement, dont environ 30 000 ont un autisme infantile. Si le label « Grande Cause nationale » a été attribué à cette maladie pour l'année 2012, c'est parce qu'elle est encore trop peu connue par le grand public. Issu du « Collectif autisme », « Ensemble pour l'autisme » a commandé une enquête à l'institut OpinionWay*. Il révèle que 85% des Français sous-estiment le nombre d'autistes et considèrent presque ce handicap comme une maladie rare. Or, avant l'âge de 20 ans, l'autisme et autres troubles envahissants du développement touche un enfant sur 150. Autre enseignement de ce sondage : une personne interrogée sur deux (54%) pensent qu'un autiste souffre de troubles neurologiques mais une sur trois (37%) qu'il s'agit de troubles psychologiques.Pour cette raison, une campagne de sensibilisation est lancée cette semaine pour que l’autisme se voit et fait enfin parler de lui. Affiches, sites internet dédiées, illumination de nombreux bâtiments en bleu** mais aussi une déclinaison de spots radios et un spot TV diffusés jusqu’au 31 mai prochain.De son côté, « Vaincre l'autisme », qui fête ses 10 ans, lance une campagne qui s'appuie sur le témoignage de plusieurs malades. Grâce à une prise en charge adaptée, ils ont réussi à surmonter leurs difficultés et à s'intégrer socialement : le petit Noam, qui rentre en CM1, Kathia devenue bibliothécaire ou Ludovic, diplômé en lettres. Des récits authentiques et des expériences encourageantes pour les 650 000 personnes qui souffrent de cette maladie en France.* Enquête réalisée auprès d'un échantillon représentatif 1.018 personnes vivant en métropole de plus de 18 ans, du 29 février au 2 mars** Le mouvement « Ensemble pour l’autisme » en partenariat avec l’association internationale « Autism Speaks » organise, pour la première fois l’opération « La France en Bleu ». 40 bâtiments français sont inscrits pour y participer. Il s'agit notamment de l'Hôtel de Ville de Paris (dans la nuit du 2 au 3 avril), du Musée d'Orsay (du 30 mars au 2 avril), du Château de Versailles (dans la nuit du 1er au 2 avril), du Pont d'Avignon, du Pont du Gard (dans la nuit du 2 au 4 avril), ou encore de la croisette à Cannes. Grâce à ces illuminations, la France montre son engagement et sa solidarité à l'égard de l'autisme, qui a reçu le label Grande Cause Nationale 2012.Source : France soir

Une campagne pour alerter les pouvoirs publics

La journée mondiale de sensibilisation à l’autisme est aussi l’occasion de montrer aux pouvoirs publics que l'autisme est "un véritable problème de santé publique, auquel les pouvoirs publics ont le devoir d'accorder la plus grande attention", explique « Vaincre l'Autisme ». L'association insiste également sur les nombreuses mesures devant être prises par le gouvernement dans un avenir proche et revendique notamment "la mise en place d'une commission d'enquête parlementaire pour faire un réel état des lieux, une étude épidémiologique de l'autisme en France, une étude économique du coût de l'autisme en France, la mise en place des Etats généraux de l'autisme, (...), ainsi que la mise en place d'une législation spécifique et adaptée aux particularités des besoins des personnes autistes".Alors qu’aujourd’hui, la question de l’autisme est au centre des débats, le Défenseur des droits, Dominique Baudis, plaide pour une amélioration des mesures destinées à accompagner les personnes autistes.Il faut savoir qu'en France cohabitent deux conceptions très tranchées de la prise en charge de l'autisme. L'approche psychanalytique, longtemps dominante, considère l'autisme comme une maladie mentale. A l'image de beaucoup d'associations de parents, en guerre contre les psys, d’autres défendent une approche neurologique, basée sur des preuves scientifiques, qui retient une cause génétique. Plusieurs gènes seraient, en effet, impliqués. C'est une différence fondamentale et symbolique: l'enfant autiste n'est pas un malade mental mais une personne souffrant d'un handicap cognitif. Et donc réclamant une thérapie adaptée en conséquence. Aujourd'hui, ce débat est très vif et controversé.Actuellement l’approche des psys est très traumatisante pour les enfants et les parents (isolement en hôpital psychiatrique, « packing »*, traitements psychanalytique, séparation de la mère et de l’enfant, …). Les méthodes sont en cause mais également les résultats. Leurs interventions sont un échec, ce qui a été confirmé dans le dernier rapport de la Haute autorité de santé (mars 2012).Les orientations d’un nouveau « plan autisme » seront présentées demain (03/04), en conseil des ministres, par Roselyne Bachelot, ministre des solidarités et de la cohésion sociale, et Marie-Anne Montchamp, secrétaire d’Etat auprès de la ministre des solidarités et de la cohésion sociale.* La technique du « packing » consiste à envelopper les enfants dans des linges froids et humides pour provoquer un choc thermique.Source : letelegramme.com