CANCER DE L’OVAIRE

cancer de l'ovaire - dépistageLe cancer de l'ovaire est le cinquième cancer féminin, l’un des plus meurtriers. Il touche chaque année un peu plus de 4 600 personnes en France. Et sur le nombre de nouveaux cas diagnostiqués, presque autant de femmes (3 500) en succombent. Une des principales raisons de ce pronostic vital faible est le fait que la durée de survie à un tel cancer est directement liée au stade auquel il est dépisté, et le plus souvent, estiment les experts, il est diagnostiqué tardivement.

Stop au dépistage systématique

La semaine dernière, cette nouvelle a fait grand bruit : non seulement le dépistage systématique du cancer de l'ovaire n'améliorerait pas le taux de guérison et de survie à cette maladie mais en plus, il présenterait des risques non négligeables en cas de mauvais diagnostic. C’est ce que révèle une étude qui vient de paraître dans le Journal of the American Medical Association.*Saundra Buys et ses collègues du Huntsman Cancer Institute à Salt Lake City, avec le soutien des National Institutes of Health (NIH), ont lancé, il y a plus de douze ans, un vaste essai clinique mené aux Etats-Unis sur 78 216 femmes âgées de 55 à 74 ans, sans antécédents médicaux particuliers.Afin de connaître l’impact du dépistage sur la survie des patientes, les « sujets » ont été répartis en deux groupes : le premier regroupait les femmes n’ayant subi aucun examen, et le second, celles qui avaient été régulièrement soumises aux techniques de dépistage classique, une échographie transvaginale et un dosage du marqueur tumoral par test sanguin, le CA 125.Les résultats sont sans appel. Il n’y a pas de différence significative entre les deux groupes, si l’on compare les taux de mortalité, suite à un cancer de l’ovaire. La principale raison est que dans 77 % des cas dans chacun des groupes, les cancers étaient diagnostiqués trop tardivement. Le dépistage systématique n’a donc aucun impact sur le pronostic vital des patientes. Plus inquiétant, dans le groupe « dépistage », une femme sur 10 a eu pour résultat un « faux positif ». C’est-à-dire qu’elle s'est vu diagnostiquer un cancer de l'ovaire qu'elle n'avait pas... Donc 10 % de ces femmes ont été diagnostiquées à tort et traitées sans raison. Et pire un tiers d’entre elles ont subi des interventions chirurgicales inutiles et qui se sont soldées, dans 15 % des cas, par de sévères complications.Devant un tel constat, il y a de quoi rester perplexe…Pour les chercheurs du Huntsman Cancer Institute, en l’absence de symptômes ou d’antécédents familiaux avérés, le dépistage systématique du cancer de l’ovaire ne devrait donc pas être entrepris.*Buys S.S. et al. (2012) Effect of Screening on Ovarian Cancer Mortality. In : The Journal of the American Medical Association. Vol. 307, No. 6, p. 539-628. (Accès au téléchargement de cette étude gratuitement sur JAMA) Sources : Information hospitalière et France soir

Mise au point d’une nouvelle technique de dépistage à stade précoce

Malgré les données étonnantes de l’étude publiée dans JAVA, le dépistage reste le principal moyen de découvrir ce type de maladie, d’autant qu’une fois détectée, ce type de tumeurs peut être traité de manière efficace. Ainsi une équipe de l'hôpital Royal Victoria, au Québec, a mis au point une nouvelle technique de dépistage du cancer de l'ovaire qui confirme qu’une échographie des ovaires et un dosage CA125 ne suffisent pas à diagnostiquer à temps ce type de cancers.

«Nous avons été frappées de constater que le cancer des ovaires a en fait son origine dans les trompes de Fallope», à l’extérieur de l’ovaire, explique l'auteure principale de l'étude publiée dans la revue Lancet Oncology* le 17 janvier, Lucy Gilbert. «C'est pour cela qu'on ne parvient pas à le détecter facilement.»90% des décès par cancer de l'ovaire sont liés à un cancer de haut grade fréquemment diagnostiqué à un stade avancé, rappellent les auteurs qui dirigent le projet DOVE ((Detecting OVarian cancer Earlier), un programme de recherche clinique financé par l'Institut canadien de recherche en santé (IRSC) et la McGill University. Ce projet vise à développer une méthode de détection du cancer de l'ovaire à un stade précoce. Mais ici les chercheurs ont regardé, chez des patientes à symtômes, si un accès libre au test de détection permettrait d’augmenter le taux de diagnostic précoce.L’étude a été menée, depuis 2008, auprès de 1 455 patientes âgées de 50 ans ou plus et présentant des symptômes de cancer de l’ovaire. Les « sujets » ont pu subir le test de diagnostic sanguin qui mesure les niveaux de protéines CA125 et une échographie transvaginale (ETV). Les chercheurs ont comparé les caractéristiques démographiques des patientes avec celles des femmes dans le même groupe d'âge sans symptôme.Parmi les femmes participantes, 27,6% étaient dans le groupe d'âge le plus à risque soit âgées de plus de 65 ans. 16,4% ont eu besoin d’examens supplémentaires. 22 cancers gynécologiques ont été diagnostiqués, 11 (50%) étaient des cancers de l'ovaire envahissants, dont 9 de haut grade. La prévalence du cancer invasif de l'ovaire s’élève sur ces participantes à 1/132 femmes soit 0,76%, soit 10 fois plus que le taux moyen rapporté dans les études de dépistage. 8 (73%) de ces tumeurs se sont avérées résécables vs 44% chez les patients témoins hospitalisés. Et, surtout, 78% soit 7 tumeurs de HG provenaient de l'extérieur des ovaires, au niveau des trompes de Fallope. Seuls 5 avaient été associés avec des taux de CA125 légèrement « trop » élevés et/ou aucune anomalie de l'ovaire sur échographie endovaginale. Le résultat remarquable de cette étude, même si elle porte sur un petit nombre de tumeurs détectées, est la proportion de tumeurs de haut grade ayant pris naissance en dehors des ovaires et que ce type de cancer de l'ovaire provoque des symptômes et a le potentiel lorsqu’il est diagnostiqué assez tôt d’être traité efficacement. Ce résultat suggère aussi que les programmes de diagnostic précoce devraient donc chercher à identifier les tumeurs de faible volume plutôt que les tumeurs au stade précoce Et si l’étude suggère un meilleur taux de détection chez des femmes symptomatiques, les auteurs précisent qu’une détection systématique des patientes dans cette situation est prématurée.*Gilbert L. et al. (2012) Assessment of symptomatic women for early diagnosis of ovarian cancer: results from the prospective DOvE pilot project. In: The Lancet Oncology doi:10.1016/S1470-2045(11)70333-3. Sources : lapresse.ca ; santelog